Ensembles chorégraphiques traditionnels
Nos traditions consistent en les berceuses mélodieuses de la mère, les contes des grands-parents, les chansons de Noël et du jour de l’an (τα κάλαντα – ta kalanta), les chansons de printemps des écoliers (τα χελιδονίσματα – ta chelidonismata), les chansons d’origine crétoise (οι μαντινάδες – oi mantinades), tous les us et coutumes, les danses et toutes les occasions de nous mettre en joie, les costumes, les broderies, les distiques, les jeux et tout ce qui fait partie de la vie de notre pays.
Il existe à Paros une danse typique, l’Agéranos (ο « Αγέρανος » - o Ageranos), qui fait revivre une danse mixte (αναμίξ - « anamix » - entre hommes et femmes) plus ancienne datant de l’antiquité, comme le rapportait la défunte Kyriaki Ragkousi – Kontogiorgou, conseillère générale du nome (département grec) des Cyclades et autrice.
Lors des fouilles archéologiques qui eurent lieu au temple du Délion de Paros, selon les propos de l’archéologue et musicologue Zozi Papadopoulou, il fut trouvé un carreau de céramique de la période géométrique, sur lequel sont représentés des hommes nus dansant en rangs l’Agéranos.
Des personnages éminents ont étudié les danses pariennes, que ce soient les auteurs de récits de voyages (« périégètes »), chercheurs, écrivains, archéologues, musicologues, etc.. Le Comte de Choiseul-Gouffier, diplomate français, ambassadeur près la Sublime Porte de Constantinople (1752-1817), appelait « Romeca » le style des danses de Paros, tandis qu’il établissait un parallèle avec les danses antiques. En ce qui concerne le terme « Romeca », Madame Alexandra Voutyra, professeur d’histoire de l’art à l’Université Aristote de Thessalonique, lors de l’une de ses conférences, en l’occurrence celle présentée sur le thème suivant : « Représentation des danses par les auteurs européens de récits de voyages des XVIIIème et XIXème siècles », soulignait que les danses dites « roméiques » (« Ρωμαίϊκα » - Romeïka – signifie « néo-grec ») sont des variantes de la danse folklorique grecque en ronde du « syrtos » (ο συρτός – o syrtos) et qu’elles ont été appelées de la sorte pour le motif suivant : chaque auteur de récits de voyages (« périégète ») qui venait en Grèce portait sur lui un firman ottoman lui permettant de se déplacer facilement et était accompagné d’un drogman (interprète dans les pays du Levant), car il ne connaissait pas les langues locales.
Lorsque l’un ou l’autre de ces voyageurs demandait : « Comment s’appelle cette danse ? », il est fort probable que le drogman lui répondait qu’il s’agissait d’une danse « roméique », pour caractériser la nationalité des danseurs et non pas le style de danse. D’ailleurs ce terme ne se rencontre pas chez les auteurs grecs de l’époque, comme l’affirme Monsieur Alkis Raftis, spécialiste de la danse et Président du Conseil international de la Danse (CID) à l’UNESCO. Georgios Roumpis, auteur d’études sur la danse, explique que le style « roméique » ne constitue pas un ensemble de variantes du « syrtos », mais un style différent de ce dernier, puisque le syrtos, qui possède des variantes diverses et variées dans toute la Grèce, est avant tout un style de danse mixte, contrairement à ce que décrivent et représentent certains auteurs de récits de voyages de l’époque en ce qui concerne ce style « roméique » de danse.
Le « périégète » français Pierre Augustin de Guys (1721 -1799) a donné une description précise de cette danse : « La coryphée saisit un garçon par la main en lui tendant un mouchoir et, tandis que le couple tient le mouchoir par ses deux extrémités, les autres danseurs et danseuses, formant tous et toutes un rang, passent et repassent entre le garçon et la fille en se penchant sous le mouchoir.
Au début, les danseurs et danseuses évoluent lentement en formant un cercle. Ensuite, la coryphée, effectuant diverses allées et venues, mène la danse autour d’elle. Son art consiste à se séparer du rang et à réapparaître tout à coup en tête de la danse en effectuant de nombreuses circonvolutions concentriques et en agitant le mouchoir dans l’air d’un air triomphal ».
J.H. Riedesel, auteur allemand de récits de voyages, note en 1768 que les Pariennes sont réputées constituer les meilleures danseuses de la région égéenne, en s’adonnant principalement au style de danse grec « roméique », qui est très charmant. Phédon Koukoules, byzantiniste et académicien, décrit l’Agéranos comme un style de danse en ronde, avec de nombreuses circonvolutions. Pendant l’exécution de cette danse, il est interprété un chant spécifique, l’Agéranos, au cours duquel les danseurs, sur un rythme lent, font trois pas vers la droite et ensuite un vers la gauche. Les danseurs évoluent en rond, tandis que chacun pose ses mains sur les épaules du danseur qui l’accompagne. Il s’agit probablement de ce que les Grecs anciens évoquaient en disant : « το των αρχαίων ‘έκαστος υφ’ εκάστου’ » (« chacun accompagné de l’autre, selon les anciens »).
Dora Stratou elle-même (1903-1988), la grande actrice, chorégraphe et chef de troupe grecque, mentionne ce qui suit à propos de l’Agéranos de Paros : « un couple se tient immobile dans un coin et les autres couples commencent à s’y ajouter tout autour. Une fois l’enroulement exécuté, commence le désenroulement réalisé par le couple situé en dehors. Habituellement l’on chante et l’on danse sans accompagnement musical. Les danseurs se saisissent par les épaules, les pas de danse sont lents dans la première partie du chant, tandis que dans la seconde partie ils deviennent sautillants et plus rapides ».
En conclusion, l’on peut dire aussi que les danses traditionnelles de Paros sont accompagnées au son du violon (βιολί – violi), du luth (λαούτο – laouto), de la cornemuse grecque appelée « tsampouna » (τσαμπούνα) et du petit tambour appelé « toumpaki » (τουμπάκι).